La formation Ingénieur a mis en place une nouvelle UE en 1A, intitulée « Culture commune de l’ingénieur pour la transition écologique » qui commence dès à présent et se terminera en mai prochain. Cette UE développe la formation scientifique des ingénieurs à deux niveaux : la compréhension des changements environnementaux en cours, et une connaissance des moyens à disposition des scientifiques pour répondre aux enjeux soulevés par ces changements (énergies, ressources, pollution…). Elle se fonde notamment sur deux principes méthodologiques forts : les méthodes d’analyse d’impacts et l’approche systémique.

S’inspirant de l’approche par compétences, cette UE vise à développer chez les futurs ingénieurs leur capacité à convaincre leur entourage professionnel et l’entrainer dans l’action grâce à une bonne compréhension des enjeux, à analyser les impacts des produits et services qu’ils seront amenés à concevoir, et enfin à construire et accompagner les scenarios de transition de leurs domaines d’activité.

Cette nouvelle UE, constituée de 15h de cours et d’un examen, est construite en quatre parties. Une première partie porte sur les éléments scientifiques des changements environnementaux en cours : le climat, la biodiversité, la pollution. Une deuxième partie expose les enjeux posés à nos sociétés : les sources et usages de l’énergie et les contraintes sur l’évolution du système énergétique ; la gestion des ressources minérales fortement sollicitées dans la transition énergétique. Une troisième partie est consacrée aux méthodes d’analyses d’impacts (ACV, bilan Carbone) et comporte deux séances de travaux dirigés. La dernière partie est une ouverture prospective et interdisciplinaire sur les scenarios de transition et l’apport des sciences humaines pour accompagner les changements globaux.

Nous avons rencontré les membres du groupe de travail « Formation Transition » qui ont porté cette évolution de la maquette Ingénieur. Odile Majérus (Maitre de conférences à Chimie ParisTech-PSL) et Stéphanie Ognier (Maitre de conférences à Sorbonne Université), Mariane Ighilahriz, (Responsable Relations Entreprises et chargée de mission Développement Durable et Responsabilité Sociétale), Grégory Lefèvre (Directeur de Recherche au CNRS) : pourquoi l’évolution de la formation Ingénieur était-elle nécessaire ?

Stéphanie Ognier nous explique :

« Les futurs ingénieurs doivent avoir les outils pour évaluer la pertinence des solutions techniques proposées pour répondre aux défis des changements environnementaux. En effet, certaines solutions, si elles sont mal évaluées, peuvent s’avérer être contreproductives au niveau du bilan global des impacts. Par exemple, il faut être prudent à l’heure actuelle sur le recours intensif à la biomasse en vue de la substitution des énergies fossiles ».

Pour Odile Majérus :

« L’ingénieur du XXI -ème siècle a une quantité considérable de défis à relever car il devra inventer un monde sans énergies fossiles et avec une circularité des ressources. Mais au-delà de cela, il devra intégrer son activité dans la nécessité de préserver les écosystèmes, c’est à dire la capacité de la nature à nous rendre ses services. C’est une véritable évolution du métier d’ingénieur qui devient plus interdisciplinaire et avec une forte vision systémique ».

Grégory Lefèvre ajoute :

« Les élèves ingénieurs, et les étudiants des filières scientifiques en général, ont un intérêt croissant pour les futures solutions techniques à mettre en place dans le cadre de la transition écologique. Leurs sources d’information sont principalement grand public, et ils devraient pouvoir utiliser leurs compétences scientifiques pour développer un regard critique sur la couverture médiatique de ce thème. Le rôle des enseignants évolue donc vers un accompagnement dans ce sens, en leur apportant des bases rigoureuses pour qu’ils se construisent une opinion étayée et non dogmatique sur ce thème. » 

Pour Mariane Ighilahriz :

« Il semble fondamental que les élèves ingénieurs, d’autant plus est en chimie, aient des bases scientifiques solides pour permettre une meilleure compréhension des mécanismes d’impacts et liens de cause à effet des activités humaines sur la planète. Les nouvelles générations reçoivent depuis leur plus jeune âge des messages sur le changement climatique et l’urgence écologique ;  cependant sans base scientifique fiable et partagée, il leur est encore difficile d’appréhender et de comprendre finement l’ensemble des enjeux et des interactions entre ceux-ci, et de ne pas se focaliser uniquement sur certains types d’impact en en omettant d’autres. Les notions et outils que nous leur présenteront permettront d’envisager l’écosystème de manière holistique et d’avoir du recul sur les solutions proposées, notamment en évitant les transferts de charge d’un type d’impact à un autre. »

Ouverture de la formation Ingénieur. Cet apprentissage autour des enjeux de la transition écologique et solidaire se poursuit ensuite en 2eme année avec un cycle de conférences organisé par Grégory Lefèvre sur l’énergie et les systèmes énergétiques. En 3eme année, les étudiants peuvent choisir des UE directement reliés à des domaines d’application de la transition : l’UE « Un monde sans CO2 », l’UE « Matériaux et environnement », l’UE « Eco-conception et recyclage », l’UE « Valorisation de la biomasse », l’UE « Energie nucléaire », enfin l’UE « Conseil » qui fait intervenir des cabinets spécialisés dans l’accompagnement des entreprises à la transition énergétique. Maintenant, le GT travaille à la diffusion des principes méthodologiques (notamment l’analyse des impacts …) dans les divers domaines de la formation d’ingénieur : procédés, matériaux, santé …

La transition écologique est en route dans les laboratoires ! Nos chercheurs travaillent depuis longtemps sur ces grands enjeux de demain que sont le recyclage, l’énergie, les matériaux et puisque la formation Ingénieur est fortement adossée à la Recherche en train de se faire, de nombreux chercheurs ont participé à la Rentrée Climat 2023 au cours de laquelle ils ont pu exposer leurs recherches les plus récentes en termes d’innovation aux élèves-ingénieurs. Par ailleurs, de nombreux séminaires sont organisés pour les chercheurs avec des intervenants internationaux sur les différents domaines impliqués.

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