Julia Cantel, Intervenante dans le cycle de conférences Energie de la formation Ingénieur

Evènement / Formation ingénieur
23 janvier 2024
20240117_105828

Dans le cadre du cycle de conférences proposées par Grégory Lefèvre en 2eme année de la formation Ingénieur, Julia Cantel, alumni du master MNE et Femme Ingénieure 2023, aujourd’hui, cheffe de projet sur la sureté nucléaire chez EDF Energy au Royaume-Uni, a fait une conférence sur le nucléaire. Son intervention a permis aux élèves-ingénieurs de découvrir son parcours professionnel au sein de la filière nucléaire. Retour sur son portrait inspirant et stimulant pour nos élèves-ingénieur(e)s.

Diplômée Ingénieure de l’Ecole Nationale Supérieure de Rennes et du master MNE de Chimie ParisTech-PSL (promo 2010), c’est avec une certaine émotion que Julia est revenue sur les bancs de l’amphithéâtre Friedel, cette fois-ci en tant qu’intervenante pour partager son expérience professionnelle et « sa passion du nucléaire », comme elle aime à le dire.

 

« L’Energie nucléaire : une heure pour comprendre l’intérêt », c’est avec cette conférence que la séance s’ouvre. Après avoir rappelé sa formation initiale, Julia Cantel est revenue sur son riche parcours professionnel la poussant parfois hors de sa zone de confort. Julia a ainsi travaillé durant 5 années à Marseille au service sureté nucléaire pour l’ingénierie de parc nucléaire en exploitation français, ensuite elle a travaillé 4 années sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Gravelines comme manager d’une équipe pour rejoindre en 2020 le Royaume-Uni sur le projet HPC qui alimentera à terme 6 millions de foyers avec de l’électricité bas carbone en toute sureté et sécurité.

Elle a également rappelé l’importance des soft skills, qui sont les atouts qui font la différence pour une embauche : la motivation, la bienveillance, la capacité à travailler en équipe sont à cultiver dès le plus jeune âge et précise :

« La filière nucléaire est la troisième filière industrielle française, la variété des parcours est infinie et ça recrute entre 10 000 à 15 000 personnes par an sur la période 2023-2033 !« .

Une introduction sur le changement climatique, le GIEC, l’intérêt des COP a été réalisé. Depuis le début de l’ère industrielle, les émissions de CO2 n’ont fait qu’augmenter et se concentrent de plus en plus dans l’atmosphère. Les puits de carbone naturels (biomasse, océans, etc) ne suffisent pas à compenser les émissions issues des activités humaines.

Décarboner l’électricité et la chaleur est un enjeu essentiel pour faire face au défi du changement climatique et atteindre la neutralité carbone. La production d’électricité et de chaleur était responsable de 44% des émissions de CO2 dans le monde en 2020, et la demande en électricité ne fera qu’augmenter dans les années à venir . Il y a donc un véritable enjeu pour trouver des solutions innovantes pour décarboner ces deux secteurs. Le nucléaire peut être l’une d’entre elles.

Les réacteurs nucléaires de génération II et III jouent un rôle majeur actuellement pour décarboner le secteur de l’électricité, et les réacteurs de génération IV joueront un rôle primordial pour décarboner la production de chaleur grâce à leur fonctionnement à haute température (900°C pour certains GEN IV et 300 °C pour GEN III). Les réacteurs de génération IV permettront d’optimiser les ressources en uranium naturel.

Les Small Modular Reactor, d’une puissance comprise entre 10 et 300 MW, dotés d’une compétitivité économique forte, d’un haut niveau de sureté, et en adéquation avec les enjeux de développement énergétique et durable, seront complémentaires aux réacteurs de grande puissance.

De fait, au niveau mondial, nous assistons à un regain du nucléaire, avec en tête la Chine et la Russie, suivi des Etats-Unis. La France, acteur majeur du nucléaire au niveau mondial doit regagner sa place dans le peloton de tête et doit relancer un programme de Génération IV ambitieux. En France des quinzaines de start-ups qui conçoivent des réacteurs nucléaires ont vu le jour. Le paysage des acteurs du nucléaire français n’est plus composé uniquement des acteurs historiques.

L’agence internationale de l’énergie prévoit un doublement de la capacité nucléaire mondiale d’ici 2050 afin d’atteindre la neutralité carbone. Lors de la COP28, 24 pays, dont la France, ont annoncé vouloir tripler les capacités nucléaires d’ici 2050.

Et Julia de conclure :

« Il y a un réel défi à mener en R&D sur les matériaux et des réflexions importantes sur les combustibles nucléaires des réacteurs du futur. Les ingénieurs chimistes ont toute leur place dans l’industrie nucléaire. Choisissez votre terrain de jeu : la R&D si vous avez l’esprit d’un chercheur, le nucléaire industriel pour les avides de défis, ou lancez-vous dans l’aventure des startups nucléaires si l’innovation et l’entrepreneuriat vous animent. »

Merci à Julia Cantel pour son témoignage sur son parcours ainsi que cette conférence technique qui a permis aux 2A de mieux comprendre en quoi leur formation d’ingénieurs chimistes peut être un atout pour travailler dans le domaine du nucléaire.

Dates clés Julia Cantel

  • 2009 : Diplôme d’ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rennes – Spécialités Procédés et environnement
  • 2010 : Master Nuclear Energy à l’école Nationale Supérieure de Chimie de Paris – Spécialité Cycle du combustible nucléaire
  • 2010 : Embauchés à EDF à la DIPDE à Marseille – Ingénieur d’études
  • 2015 : Centrale nucléaire de Gravelines – Equipe commune – Manager Première Ligne
  • 2019 : Expatriation au Royaume-Uni sur le projet Hinkley Point C – Cheffe de Projet
  • 2020: Création de l’association ExpatFamilyUK
  • 2022 : Membres du conseil d’administration de Women in Nuclear France

Prix reçus

  • 2020 : 1er Prix Femme travaillant dans le nucléaire en Europe « Fem’Energia »
  • 2022 : Intègre le prestigieux programme Young-Leaders Franco-Britanniques
  • 2022 : TOP 100 des femmes dans la TECH au Royaume-Uni
  • 2023 : 1er Prix Femme Ingénieure de France, au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique de la France
  • 2023 : TOP 3 Mondial des Femmes travaillant dans le Nucléaire en dessous de 40 ans.