Ingénieuses 2023 : deux nominations pour Chimie ParisTech – PSL !

Diversité / Formation ingénieur / Master
19 avril 2023
Ingénieuses 2023, une initiative de la CDEFI(3)

Chaque année, la CDEFI valorise le parcours de femmes ingénieures en organisant le concours Ingénieuses. Si la mixité dans les écoles d’ingénieurs est un enjeu de taille, Chimie ParisTech-PSL fait figure d’exception puidque pionnière en matière de diversité avec plus de 50% de femmes dans ses promotions d’élèves-ingénieures. Pour cette édition 2023 du concours Ingénieuses, les parcours de Julia Cantel diplômée Ingénieure de l’ENSCR et titulaire du master Master of Nuclear Energy de Chimie ParisTech – PSL, nominée pour le prix de la femme ingénieure et de Léa Gaonac’h, élève en deuxième année du cursus Ingénieur à Chimie ParisTech – PSL, nominée pour le prix de l’élève-ingénieure française, ont retenu l’attention du jury. Retour sur ces deux nominations avec les portraits inspirants de ces deux femmes engagées sur la voie de la diversité.

Julia Cantel, nominée pour le Prix de la femme Ingénieure.  Julia Cantel est diplômée Ingénieure de l’ENSCR et titulaire du master Master of Nuclear Energy de Chimie ParisTech – PSL. Aujourd’hui, elle est cheffe de projet chez EDF Energy au Royaume-Uni. Elle a reçu en 2020, le prix Fem’Energia dans la catégorie femme travaillant dans le domaine du nucléaire en Europe, Suisse et Royaume-Uni. En 2022, elle est sélectionnée par les gouvernements français et britannique pour intégrer le prestigieux Programme Young Leader Franco-Britannique en tant que scientifique. Fin 2022, Julia Cantel entre dans le TOP 100 des femmes les plus influentes dans un domaine technologique au Royaume-Uni.

Que vous a apporté le master MNE par rapport à votre formation Ingénieur pour votre carrière professionnelle ?

« Dès l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie Rennes, je savais que je voulais travailler dans le domaine du nucléaire pour participer à la production d’électricité décarbonée. Le Master Nuclear Energy de Chimie ParisTech – PSL m’a donc apporté un socle de connaissances très solides en ingénierie nucléaire. Je pense très souvent aux cours du MNE car les connaissances acquises me servent quasiment tous les jours pour comprendre des points d’actualités, des problématiques techniques, donner des conférences. J’ai appris énormément sur le plan technique : fonctionnement d’un réacteur nucléaire, radioprotection, les procédés dans toutes les installations du cycle du combustible nucléaire. En plus des cours scolaires, nous avons eu la chance, grâce à l’implication impressionnante du Professeur Gerard Cote, de réaliser énormément de visites d’installations nucléaires : La Hague, centrale nucléaire du Blayais, le laboratoire souterrain de l’ANDRA pour l’étude du stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde ainsi que les sites de stockages de déchets radioactifs en opération, et les sites du CEA de Marcoule et de Fontenay-aux-Roses ».

Quel a été votre parcours après le MNE de Chimie ParisTech – PSL ?

« Après le MNE, j’ai été embauchée en 2010 directement par EDF. J’ai travaillé 5 années à Marseille au service sureté nucléaire pour l’ingénierie de parc nucléaire en exploitation français, ensuite j’ai eu la chance de travaillé 4 années sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Gravelines comme manager d’une super équipe et depuis janvier 2020 je travaille au Royaume-Uni sur l’extraordinaire projet HPC qui alimentera à terme 6 millions de foyers avec de l’électricité bas carbone en toute sureté et sécurité. La filière nucléaire est la troisième filière industrielle française, la variété des parcours est infinie et ça recrute entre 10 000 à 15 000 personnes par an sur la période 2023-2030 ! »

Comment vous engagez-vous pour l’égalité Femmes-hommes aujourd’hui ? Et demain ?

« En plus de mon métier chez EDF, je suis engagée dans plusieurs collectifs pour promouvoir les sciences et la diversité. Je suis membre du comité d’administration de l’association Women in Nuclear France pour promouvoir le nucléaire auprès des jeunes et plus particulièrement des jeunes filles. Je réalise du mentorat auprès des jeunes femmes étudiantes ou en début de carrière, j’ai réalisé plusieurs webinaires, j’ai créé des actions avec l’ambassade du Royaume-Uni à Paris et l’ambassade de France à Londres, plus récemment avec le Sénat. Je témoigne pour des lycéennes, collégiennes, étudiantes en France. Je fais aussi partie de la promotion 2022 des Young leaders franco-britanniques où je promeus les sciences et la diversité. Ce programme a pour ambition d’approfondir la compréhension mutuelle et la collaboration entre la France et le Royaume-Uni et de créer, au niveau le plus élevé, un dialogue bilatéral durable en s’appuyant sur une éthique de partage mutuel. Enfin, j’ai initié et fondé la première association des conjoints d’expatriés EDF ExpatFamilyUK (75 personnes) avec un modèle de management innovant basé sur la gouvernance partagée. Chaque membre de l’équipe a le même poids dans la prise de décision, peu importe son diplôme. Le but est de permettre aux plus de femmes (95% des membres) qui arrivent dans un nouveau pays et qui ne parlent pas la langue d’avoir un poste dans l’association, peu importe leur background, et d’éviter le « CV page blanche ». L’association a gagné la plus haute distinction d’EDF UK en 2021 en remportant le premier prix aux HPC Excellence Awards, parmi 470 nominations. Cette équipe fait actuellement l’objet d’un projet de recherche en management international pour ses méthodes de travail innovantes ».

Comment gérez-vous tous vos projets ?

« Je ne pose pas vraiment ce genre de questions, je fonce, j’essaye, j’échoue et je me relève ! Je n’ai pas le temps d’être parfaite, j’ai un job full time, un mari, 3 enfants (8, 6 et 4 ans), je suis impliquée dans plusieurs collectifs, associations. Ce que j’entreprends n’est jamais parfait et je l’assume à 100%… Comme j’aime faire énormément de choses différentes, je vais au plus efficace (règle Pareto du 80/20), il me faudrait 3 vies pour faire tout avec un résultat proche de 95%.  Et puis j’essaie plein de projets, quelques fois ça marche, quelques fois ça loupe, ce n’est pas grave, j’apprends toujours des choses ! »

Que représente ce prix et pourquoi y avoir participé ?

« J’ai grandi en banlieue parisienne, je suis allée au collège en zone d’éducation prioritaire, j’ai obtenu un BAC technologique STL chimie, à ce moment-là être ingénieure était un rêve qui semblait inaccessible. Mais j’ai travaillé, j’ai obtenu une classe préparatoire, j’ai travaillé et j’ai intégré l’ESNCR, j’ai travaillé et j’ai rejoint l’ENSCP. Le premier jour où j’ai mis les pieds à Chimie ParisTech – PSL c’était un rêve qui se réalisait, j’étais dans la meilleure école de Chimie de France… Je m’en souviens comme si c’était hier. C’est bien grâce à l’éducation nationale qui m’a orienté vers des études et au soutien infaillible de ma famille que j’ai pu avoir ce parcours ! J’ai continué travailler, j’ai été embauchée par EDF et j’ai remboursée mon prêt étudiant. Moi qui pensais ne jamais quitter ma ville, j’ai travaillé dans 8 villes différentes et 4 pays différents. Et le mois dernier je faisais un discours sur le climat et l’énergie au palais de l’Elysée devant le président de la République et le premier ministre britannique. Je n’abandonne rien, jamais, je suis optimiste et fonceuse ! »

Léa Gaonac’h, nominée pour le Prix de l’élève-ingénieure françaiseLéa Gaonac’h est élève en 2ème année du cursus Ingénieur de Chimie ParisTech – PSL. Présidente de la Junior-Entreprise de Chimie ParisTech-PSL en 2022, Léa s’est engagée dans la vie associative de l’école tout au long de son parcours à l’école.

Pourquoi des études d’ingénieurs ?

« Première étudiante en ingénierie de ma famille, j’avais la chance de faire des études d’ingénieur, opportunité permise par mes parents qui ont toujours fait en sorte que ma petite sœur et moi puissions choisir ce que nous allions étudier, là où eux n’avaient pas eu le choix. J’étais une lycéenne très éparpillée dans mes goûts, portés par ma curiosité : entre danse à haut niveau, latin et philosophie, écriture, mathématiques et chimie, je ne savais que choisir ! C’est le champ d’actions possible des sciences qui m’a séduite : j’étais convaincue qu’en devenant ingénieure, je pourrais convertir mes valeurs en actions ».

Quel est votre parcours académique ?

« Mon baccalauréat en poche, j’ai quitté ma Bretagne natale pour la capitale pour entrer en classes préparatoires aux grandes écoles au Lycée Louis-le-Grand à Paris. J’ai choisi la filière physique-chimie, PCSI puis PC*. Ces années ont été riches d’expériences et d’apprentissage, auprès d’élèves curieux et inventifs, de professeurs exigeants et challengeants.  J’ai choisi d’intégrer Chimie ParisTech-PSL car j’étais convaincue du potentiel du domaine de la chimie et que je n’étais pas encore prête à choisir entre une carrière en entreprise et un parcours axé vers la recherche académique. Chimie ParisTech-PSL me garantissait une formation selon un double scope me permettant d’explorer différents domaines de la chimie et techniques d’approche. Ce dernier semestre, j’ai suivi des enseignements en biophysique et matière molle à l’ESPCI-PSL, très proche des défis contemporains.  Je suis aujourd’hui très fière de la pluridisciplinarité que Chimie ParisTech-PSL m’a apportée ! »

Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?

« Dans un futur proche, il est assez difficile pour moi de me prononcer avec certitude. J’envisage de réaliser une thèse académique ou CIFRE. Mon rêve futur serait de fonder une start-up Deep Tech, répondant à un besoin précis pour les questions écologiques contemporaines ou dans le domaine de la santé. L’entreprenariat me fait rêver dans la mesure où il est selon moi le lien entre la recherche et la société, permettant de développer rapidement une solution sortie des laboratoires pour répondre à un besoin précis. En créant mon entreprise, j’ai l’espoir de créer un espace de travail où les femmes pourront associer personnel et professionnel, où une pure égalité règnera à l’échelle du recrutement et qui s’engagera pour l’éducation ».

En plus de vos études à Chimie ParisTech – PSL, êtes-vous engagée dans des actions de bénévoles et solidaires ?

« Au cours de mes études à Chimie ParisTech-PSL, je me suis engagée auprès de la Fondation La Main à la Pâte, en devant binôme-enseignante à l’Ecole élémentaire d’Oran, au sein d’une classe REP+. J’ai accompagné des élèves de CE2-CM1-CM2 aux côtés de leur professeure, d’octobre à février, par l’organisation de séances consacrées aux Plantes. Cette expérience était une tribune parfaite pour sensibiliser les enfants à la mixité en sciences et des temps de discussion intenses ont permis de déconstruire de nombreux stéréotypes.  Je suis également devenue Présidente de la Junior-Entreprise de mon école, Chimie Perspectives. Au cours de cette aventure, j’ai lutté pour la mixité en essayant de sensibiliser au maximum à ses enjeux au cours du renouvellement de l’équipe, en devenant signataire de la Charte « Jamais Sans Elles » et en convertissant par la même occasion ma Junior en Junior Pilote sur le sujet. Le Mouvement des Junior-Entreprises est en effet pionnier en matière de mixité : devenir présidente aujourd’hui de ma Junior-Entreprise c’était aussi une façon de me montrer que j’étais capable d’exercer des responsabilités importantes pour plus tard ».

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui souhaitent devenir Ingénieures ?

« Osez, ne reculez pas et croyez en vos rêves ! Vous n’êtes pas seules : des milliers de femmes et d’hommes engagés croient en vous ».

Les résultats des prix Ingénieuses 2023 seront connus lors de la Cérémonie de remise des prix qui aura lieu le 11 mai prochain. D’ici là, Chimie ParisTech – PSL est fière d’avoir des femmes d’exception et de convictions parmi ses diplômées ! Que la meilleure gagne !

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