Les sacs biodégradables existent-ils vraiment ?

10 mai 2019
Etudiant Chimie ParisTech

Dans sa chronique matinale, le journaliste de France Inter Mathieu Vidard s’interroge sur l’effective biodégradabilité des sacs plastiques. S’appuyant sur les recherches d’une équipe de  de  Plymouth, il fait également référence à l’équipe Chimie organométallique et catalyse de polymérisation  dirigée par Christophe Thomas, chercheur à l’Institut de Recherche de Chimie de Paris (IRCP) .

Explications. L’utilisation de matières plastiques pour la fabrication d’objets à usage unique ou à courte durée de vie a des impacts négatifs sur l’environnement. En effet, les polymères durables utilisés pour ce type d’applications représentent une source importante de déchets, comme le montre en particulier la pollution en surface du milieu marin, qui a beaucoup attiré l’attention des chercheurs et du grand public. Il est donc intéressant d’utiliser le potentiel des polymères biodégradables et/ou compostables, en particulier ceux obtenus à partir de ressources renouvelables. En raison de leurs propriétés uniques, ces polymères peuvent être considérés comme une alternative respectueuse de l’environnement. Cependant les filières de collecte et de valorisation doivent encore être mises en place, notamment pour le compostage industriel.

La biomasse représente une ressource abondante pour la synthèse de bio-matériaux. A ce titre, le polylactide, polymère d’intérêt majeur du point de vue du développement durable, est un matériau biodégradable accessible à fort tonnage à partir de son monomère biosourcé le lactide.
A l’échelle industrielle, ce polymère est obtenu par polymérisation par ouverture du lactide à hautes températures et en présence de sels d’étain qui servent de catalyseurs à la réaction. Cependant, en dépit de nombreux efforts déployés dans le domaine des polymères biodégradables, il existe encore peu de catalyseurs à la fois très actifs et sélectifs dans des conditions douces. En cherchant à développer un nouveau catalyseur de polymérisation du lactide, des chercheurs de l’équipe Chimie Organométallique et Catalyse de Polymérisation de l’Institut de Recherche de Chimie Paris (CNRS/Chimie ParisTech) ont montré que des dérivés non toxiques du fer pouvaient être des catalyseurs efficaces pour la synthèse du polylactide à température ambiante. Ces complexes de fer présentent des activités catalytiques sans précédent ainsi qu’une excellente productivité tout en permettant une polymérisation stéréocontrôlée du lactide. Ce comportement catalytique inédit représente ainsi une stratégie intéressante pour la production de nouveaux polyesters biodégradables. Ces travaux originaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue internationale Angewandte Chemie.